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deux balles, à vingt-cinq pas, sans nous atteindre.

Par trois fois, il s’en fallut de bien peu que mon existence anti-chrétienne prît fin. Si j’étais mort dans ces circonstances, c’eût été pour subir l’éternelle expiation de mes crimes. Et Dieu ne l’a pas voulu. Que Dieu est bon !…

Vers la fin de l’état de siège, dans les premiers jours de 1876, je pris la direction d’un journal satirique, qui s’intitula la Fronde.

Dans celui-ci, j’étais, comme à la Marotte, entièrement maître de mes écrits, n’ayant auprès de moi personne pour tempérer ma fougue. L’imprimeur, mon associé, était le premier à rire de ma frénésie de plume. Aussi, je m’en donnai à cœur-joie.

J’étais, au surplus, entièrement responsable de mes articles. Dès le jour même de ma majorité, j’avais pris la gérance de mon journal. En cas de procès, j’étais seul assigné.

Bientôt, l’imprimeur de la Fronde quitta Marseille, des intérêts supérieurs l’appelant à Montpellier pour la création du Petit Méridional. Il me laissa seul propriétaire de la feuille satirique. Je ne connus, dès lors, plus de bornes.

En quelques semaines, j’eus treize procès.