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Les condamnations, qui en résultèrent, additionnées, donnaient, avec la contrainte par corps pour les dommages-intérêts, un respectable total dépassant huit années de prison.

Comme je ne tenais pas le moins du monde à devenir le pensionnaire du gouvernement, je m’empressai de prendre le train de Genève.

Je ne me faisais aucune illusion sur la misère noire qui m’attendait en Suisse. N’importe, je préférais la misère à la privation de la liberté.

Comme proscrit, je reçus de l’autorité cantonale un permis de séjour renouvelable tous les trois mois. Je passai dans ces conditions, à Genève, les années 1876 et 1877.

Je vivais du produit de ma plume. La Fronde, transportée à Montpellier, avait été continuée sous le nom du Frondeur. En outre, des correspondances à divers journaux français m’aidaient à subsister.

La situation n’avait rien de gai. À l’étranger, un journaliste exilé gagne peu ; en outre, ses rentrées sont des plus difficiles.

J’en ai vu, des proscrits, qui passent pour avoir mené là-bas une vie dépensière et