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homme étranger aux partis, en revanche, elle fut soupçonnée de loin par un camarade d’enfance, qui, bien que conservateur, m’affectionnait au point de se compromettre pour moi. Notre liaison l’avait brouillé avec bien des personnes qu’il fréquentait.

Lors donc, — c’était pendant le régime du 16 mai, — mon ami H***, aujourd’hui l’un des médecins les plus distingués de Marseille, m’écrivit pour me démontrer « l’absurdité de mon entêtement à défendre une cause qui, tant par elle-même que par ses adhérents, ne m’offrait, disait-il, qu’ingratitude et désillusions. »

Il déploya toute son éloquence pour me convaincre.

Un important journal conservateur allait être fondé dans le Midi. H*** m’offrait une place de 6,000 francs par an, et les directeurs de l’organe se faisaient fort d’obtenir, de toutes les sociétés religieuses qui m’avaient poursuivi, la renonciation aux jugements de condamnation prononcés contre moi.

Je remerciai très cordialement mon ami ; mais je lui répondis que j’aimais mieux « mourir de faim en exil plutôt que d’abandonner la cause de la République. »