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Sénat, la Chambre reviendrait sur son vote, consentirait à effacer ces dates qu’elle avait inscrites dans son projet primitif, avec le but bien calculé, non seulement d’enlever certaines condamnations de presse, mais surtout de flétrir la période pendant laquelle elles avaient été prononcés.

Heureusement, parmi les bénéficiaires de l’amnistie du Sénat, se trouvait un personnage, l’un des fils de Raspail ; bref, la Chambre adopta la loi amendée, et tous les condamnés pour délits de presse purent rentrer en France.

Ah ! quelle hâte nous avions de fouler le sol de la patrie ! quel empressement nous mîmes tous à quitter le pays d’exil, dès que cela nous fût possible !

Un d’entre nous, Justin Alavaill, journaliste de Perpignan, se hâta même trop. Il partit de Genève avant que la loi du Sénat fût ratifiée par la Chambre. Il fut arrêté à la frontière ; mais le ministère transmit, par voie télégraphique, l’ordre de le relâcher et de laisser rentrer librement en France tous les condamnés de presse.

Cette décision, très habile, du cabinet Dufaure donna le signal du retour à tous les