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obligé en 1876 à prendre le train de Genève, n’avaient pas été levées par l’amnistie ; la loi, en effet, réserva le délit de diffamation envers les particuliers et celui d’outrage à la morale publique et religieuse. Ce dernier délit devait plus tard être supprimé par les Chambres ; mais, en 1878, il existait encore.

Or, le 19 mars 1876, j’avais fait paraître, à Marseille, un numéro de la Fronde entièrement consacré à bafouer, de la façon la plus impie et la plus grossière, la fête de saint Joseph. Poursuivi à raison de ce fait, j’avais été acquitté par le tribunal de première instance ; puis, le procureur avait interjeté appel, et la Cour d’Aix m’avait condamné à huit jours de prison.

Cette condamnation n’avait pas été levée par l’amnistie. Toutefois, comme elle était fort minime, le parquet de Montpellier m’avait déclaré que, sans un ordre spécial du garde des sceaux, il ne me demanderait pas de la purger. Il y avait encore deux raisons à cela : le jugement était de date par trop éloignée ; d’autre part, il était à ce moment question de codifier les lois sur la presse, et l’outrage à la morale religieuse devait cesser d’être considéré comme un délit.