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naux, lesquels articles n’avaient jamais été poursuivis. Or, ils n’avaient pu passer inaperçus, puisque j’avais eu d’autres procès pour ces mêmes journaux ; ce qui prouvait que ma prose était lue par messieurs du parquet. Donc, il était certain, disait Me  Faivre, que j’avais considéré, de très bonne foi, ces articles, sinon comme inoffensifs, du moins comme restant dans les bornes de la discussion permise.

D’autre part, mon attitude à l’audience me concilia la sympathie du jury.

Je n’étais pas seul accusé. À côté de moi était assis le libraire, principal vendeur de la brochure. Son avocat, pour le faire acquitter, manqua de générosité envers moi ; au lieu de défendre son client purement et simplement, il me chargea presque autant que le ministère public. Au contraire, dans le discours que j’adressai aux jurés, je revendiquai hautement la responsabilité de mes écrits ; je déclarai que, si quelqu’un était coupable, c’était moi, et non le libraire, et que, seul, je devais être condamné.

Je disais, en outre :

— Ou la liberté de la presse doit exister complète, quiconque tient une plume a le