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pouvoir lui donner seulement une bonne leçon. Si par exemple nous étions sûrs que sa brochure lui valût trois ou six mois de prison, nous le déclarerions coupable. Mais le ministère public nous demande l’application d’un article de loi qui permet d’infliger au délinquant jusqu’à cinq années d’emprisonnement. Ce n’est pas nous, jurés, qui fixons la peine ; notre rôle consiste seulement à dire si l’accusé est coupable ou innocent ; c’est la Cour qui applique la loi dans la mesure qu’elle juge utile, à la suite de notre verdict. Eh bien, d’après ce que nous avons pu voir, la Cour est dans les plus mauvaises dispositions envers ce jeune homme, et, si nous le déclarons punissable, il ne s’en tirera pas à moins de trois ou quatre ans de prison. Or, cela serait trop.

C’est pourquoi, le jury, bien qu’en majorité convaincu de ma culpabilité, rendit en ma faveur un verdict d’acquittement.

Cette journée fut donc un triomphe pour mon impiété, et les libres-penseurs parisiens ne me ménagèrent pas leurs ovations.

En outre, il importe de dire que mon procès n’avait été qu’une manœuvre gouvernementale.