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intervint en faveur de Bordone, et la Défense Nationale se résigna à subir le pharmacien escroc.

Voici une dépêche de Gambetta à son délégué de Bordeaux, lequel n’est autre que M. de Freycinet :


Lyon, 24 décembre 1870.


Ministre Intérieur à Délégué Guerre, Bordeaux.


Depuis quelques jours, je lis un grand nombre de dépêches signées Bordone. Cet homme, vous le savez, est le chef d’état-major de Garibaldi : vous n’ignorez pas ce qu’on en dit, et il y a lieu de ne pas se départir envers lui des règles de la prudence ; c’est lui qui commande, taille, tranche, fait tout auprès de Garibaldi.

Je ferai d’abord remarquer que ses dépêches sont écrites dans une forme souvent inacceptable. Nul ne parle et n’écrit comme lui. On dirait vraiment qu’il est omnipotent. Il donne des ordres aux préfets. Il prescrit des mesures, il ordonne des arrestations. Il n’y a rien enfin qu’il ne fasse partout, chez lui comme hors de chez lui.

Je tiens encore une fois à vous mettre en garde contre ces prétentions démesurées que nous ne pouvons accepter… Arrivez donc à les réduire. Je n’ignore pas les ménagements que la situation comporte ; mais il y a un moyen de ramener M. Bordone à son véritable rôle, et je vous prie, avec votre habileté accoutumée, de n’y pas manquer.


Signé : Léon Gambetta.