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cette campagne, fut d’un héroïsme reconnu de tous.

Gauckler représentait Bordone comme le seul homme capable de sauver la situation.

Dépêche :


Autun, 6 janvier 1871.


Colonel Gauckler à Délégué Guerre, Bordeaux.


Garibaldi ne peut plus marcher ; ses facultés semblent affaissées ; initiative disparue ; il est à la merci de son entourage italien, qui vaut très peu, surtout son gendre, et ce Lobbia, sous-chef d’état-major, connu peu avantageusement.

Quand Bordone est absent, cet entourage commet, au nom de Garibaldi, des inepties et des turpitudes qui désorganisent et démoralisent l’armée.

Il semble qu’il y a parti pris de ne pas agir. Grâce aux blancs-seings et délégations donnés à Lobbia, il se fait des nominations et des tripotages qui scandalisent le public.

Les Français voudraient combattre et sont humiliés d’avoir des chefs italiens, incapables et sans probité. Bordone a grand peine à empêcher démissions en masse et ne sauvera que difficilement le nom de Garibaldi d’une tache qui rejaillira sur la République.

Trop long vous citer les faits. Si désirez, adresserai rapport. Préférerais commission d’enquête.

Le mieux serait que Garibaldi renonçât à une partie que son état le rend incapable de jouer, ou qu’un commissaire, muni de pouvoirs suffisants, vienne nettoyer armée et veiller à ordre.


Signé : Colonel Gauckler.