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les poursuites des différents parquets pour mettre la main sur le contumax Bordone.

Dans la seconde, On trouvait la filière suivie par le dossier de Paris à la cour de Victor-Emmanuel, puis d’Italie au ministère des affaires étrangères de France, qui l’avait restitué au parquet, avec cette annotation en travers : Par ordre supérieur, suspendre les poursuites.

À partir de ce moment, l’espion international Bordone était libre d’aller et venir en France comme en Italie. Il lui serait fait comme il ferait.

De ce dossier, je fis trois copies. J’en envoyai une à M. Paul Meurice, du Rappel, et une à un journal républicain de Lyon. Ni l’un ni l’autre n’insérèrent.

Plus tard, m’étant enquis de la cause du refus d’insertion, il me fut répondu : « Cela aurait trop fait plaisir aux prêtres ! »

J’avoue ne pas comprendre.

Ce que je ne comprends surtout pas, c’est que le devoir, le devoir primordial pour tout honnête homme d’éclairer ses semblables sur le danger qu’ils courent, ne prime pas la politique. On est homme avant d’être politicien.

La troisième copie est à ***, avec d’autres papiers. Mais celle-ci vînt-elle à disparaître, que le dossier Bordone n’en serait pas plus difficile à reconstituer avec les archives des parquets de Lachâtre, Paris et Cherbourg, d’une part, et celles des affaires étrangères, d’autre part.

En 1861, Bordone et moi étions à Naples, tous deux à l’armée méridionale. Comme il courait