Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/373

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que j’ai réalisé un capital me donnant vingt-cinq mille francs de rentes, on a menti, puisque je n’ai jamais possédé un placement d’un centime ; que, lorsqu’on m’a appelé écrivain pornographe, on a menti, puisqu’on ne saurait citer un seul alinéa de n’importe lequel de mes ouvrages qui soit contraire aux bonnes mœurs ; que, lorsqu’on m’a traité de faussaire, de plagiaire, de repris de justice, on m’a lâchement calomnié, puisque, après avoir porté ces accusations, on a refusé de reproduire les lettres que l’on avait niées, de citer la conclusion du procès Roussel, de Méry (conclusion à mon honneur devant la Cour de Cassation), de publier ma carte d’électeur ou mon casier judiciaire.

En me retirant, en cessant d’appartenir à la Ligue et à la libre-pensée, j’obéis à ma conscience. Je ne suis certes pas un homme indispensable ; il n’en existe, du reste, pas.

Au surplus, en ce qui me concerne, j’use d’un droit suprême, celui que tout opprimé possède, de conquérir sa liberté. J’étais enchainé par mille considérations qui paralysaient toutes mes forces et dont aujourd’hui je me débarrasse. Je courbais la tête sous un joug honteux qui m’écrasait ; ce joug, je le brise. J’étais claquemuré dans un cachot infect et ténébreux, les mains rivées par la discipline du mal ; je renais au jour, je me délivre.


À la suite de ma double démission de ligueur et de journaliste anti-clérical, le président de la Libre-Pensée d’Orléans, M. François Bonnardot, membre d’une Loge maçonnique et rédacteur en chef du Démocrate du Loiret, m’écrivit la lettre suivante :