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allé déposer une abjuration solennelle de mes écrits entre les mains d’un révérend père, mon ancien professeur ; ailleurs, on dit même qu’à Rome j’ai fait des démarches auprès du Vatican.

Ces compléments divers de ma démission du 27 avril sont aussi faux les uns que les autres :

1° Loin d’aller au Congrès de Rome en « sleeping-car », j’ai modestement voyagé en seconde classe avec mes collègues de délégation, et ni à l’aller ni au retour je n’ai rencontré un prêtre quelconque.

2° À mon passage à Marseille, non seulement je n’ai vu aucun révérend père ou abbé ou ancien professeur, mais je ne suis même pas allé rendre visite à ma famille.

3° Quant à mon séjour à Rome, je n’ai pas quitté d’un pas les autres délégués des sociétés françaises de libre-pensée, et, si je suis allé au Vatican, cela a été avec eux, dans les salles ouvertes au public, non pour faire des démarches, mais pour admirer les chefs-d’œuvre de Michel-Ange et de Raphaël (tous mes collègues du Congrès peuvent le certifier).

Seulement, ce qui n’était pas hier sera à partir d’aujourd’hui.

Dans le numéro du 14 juillet de l’'Univers vous disiez, avec infiniment de bon sens, que ma lettre de démission n’indiquait qu’une pure et simple retraite, et que le dégoût qui y éclatait n’était pas le repentir.

Eh bien, monsieur, je vous prie de le croire, le repentir est aujourd’hui complet. J’étais découragé, écœuré ; mais je ne croyais pas encore que de la presse républicaine il pût sortir tant d’injustice, tant de parti-pris, tant de mauvaise foi.

Je ne suis absolument pour rien dans le bruit qui s’est élevé autour de ma retraite ; j’ai refusé de répondre aux reporters qu’on m’a envoyés ; et l’on