Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/49

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quelque livre, et, étant ainsi hors de l’atteinte du gouvernement impérial, je participerai, moi aussi, par la plume, à la guerre sans merci dont la Lanterne a donné le signal. Puis, quand l’heure de la révolution aura sonné, je viendrai à Paris me mêler aux conjurés, et, le fusil en main, je me battrai pour établir la république sur les ruines de la tyrannie.

Tel était mon plan, et je caressais ce projet, sans voir ce qu’il avait d’insensé. Je ne vivais plus que pour le réaliser.

La difficulté était surtout de gagner la Belgique. De Marseille à Bruxelles, il y a loin.

Traverser la France, il n’y fallait point songer. Je m’imaginais que, la frontière mise entre mes parents et moi, personne n’aurait plus recours pour me faire ramener à la maison paternelle.

Tout compte établi, — car il y avait lieu de calculer encore avec mes maigres ressources, — je me résolus à gagner l’étranger par les Alpes. Je pouvais arriver jusque-là. Une fois en Italie, me disais-je, je vivrai comme je pourrai, m’employant, un mois dans une ville, un mois dans une autre, à n’importe