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tait à la réclusion dévolue aux malfaiteurs.

Entre mes quatre murs, j’enviais le sort des jeunes gens de la colonie agricole, envoyés à Mettray, après s’être assis sur le banc de la correctionnelle. Ils allaient et venaient, ils vivaient au grand air des champs, ils étaient relativement libres ; et moi, du matin au soir, j’étais écroué dans une cellule, pouvant à peine faire quatre pas.

Oh ! quelle torture !

— Quoi ! l’on espère que je demanderai grâce, me disais-je ; eh bien, non, je me révolte plus que jamais.

Je n’avais certes pas à me plaindre de la nourriture ; mon père avait recommandé de ne me laisser manquer de rien, et l’on me servait des repas très confortables.

Le personnel de l’établissement n’avait que des prévenances pour moi.

Mais que m’importait ? Je me souciais peu de toutes ces attentions.

— Donnez-moi du pain noir, bourreaux ! m’écriai-je, et rendez-moi la liberté !

Je vivais dans une exaspération continuelle, j’écumais de fureur, j’étais comme une bête fauve arrachée à son désert et rugissant de se voir en cage.