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avait été donnée à la loi : lorsqu’on m’enferma à Mettray, je n’étais pas dans les conditions d’àge que stipule le code. Aussi, un avocat républicain, M. Chappuis, écrivit, au sujet de ma réclusion, qu’il déclara illégale, un article qui fit quelque bruit dans le pays : il mettait en cause le président du tribunal civil et le procureur impérial.

Bref, pour ma part, j’étais enchanté de ces récriminations. Je me figurais être un personnage, et mes condisciples me regardaient au moins avec curiosité : on n’a pas souvent, en effet, dans sa classe, un élève ayant subi de la réclusion pour des causes pareilles à celles qui m’avaient fait connaître Mettray ; aux yeux des lycéens, j’étais bel et bien un « ancien détenu politique. » Il n’en fallait pas tant pour que je m’imaginasse être quelqu’un.

D’autre part, et à raison de cette situation particulière, je n’étais pas vu de bon œil par les hautes autorités du collège, et notamment par le proviseur. J’étais à la tête de toutes les petites émeutes scolaires.

Dans ces conditions, je ne pouvais pas demeurer longtemps élève du lycée.

À la fin de 1869, il fut question de diminuer les vacances de Noël. Les élèves s’ému-