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Marat dans sa proclamation aux électeurs.

Cette proclamation, je l’avais apprise par cœur, et j’en ai retenu les principaux passages. Je puis citer textuellement, de mémoire, celui qui m’avait choqué. Le voici :

« La démocratie sincère, loyale, disait Gambetta aux électeurs marseillais, est la seule ennemie de la démagogie, le seul frein, le seul rempart aux attentats des démagogues de tout ordre. Les démagogues, ils sont de deux sortes : ils s’appellent César ou Marat. Que ce soit aux mains d’un seul ou aux mains d’une faction, c’est par la force qu’ils veulent satisfaire les uns et les autres leurs ambitions ou leurs appétits. Ces deux démagogies, je les trouve également haïssables et funestes. »

Or, Marat était pour moi un dieu. J’avais sa mémoire en profonde vénération. Alors, on vendait, chez les papetiers, des reproductions photographiques de portraits représentant les principaux hommes de la Révolution. J’avais toujours le portrait de Marat dans ma poche.

Et voici que ce Gambetta, dont on parlait tant comme un « bon », comme un « pur », osait prononcer le nom de Marat dans des termes injurieux ! Même, dans son parallèle,