Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tait que j’étais né le 21 mars 1854. Je corrigeai le 4 et en formai un 2. De cette façon, mon extrait d’état-civil me donnait les dix-huit ans réglementaires. Rien ne pouvait plus, dès lors, s’opposer à mon engagement. J’avais commis un faux ; mais j’avoue que ce crime-là, ne m’a pas encore causé le moindre remords.

De même, j’avais un cas de réforme ; je suis myope, à un très fort degré. Aussi, comme cette infirmité est assez facile à dissimuler, je réussis sans peine à la cacher, quand je comparus devant le conseil de révision. J’éprouvai une bien vive joie, lorsque le major, après m’avoir examiné en moins d’une minute, prononça les paroles usuelles : « Bon pour le service. »

Le régiment dans lequel je m’engageai fut le 3e zouaves (17 août).

Les engagés s’imaginaient, pour la plupart, qu’ils allaient être envoyés sur le théâtre de la guerre. Pas du tout. On dirigeait d’abord les volontaires sur la ville où se tenait la garnison de leur régiment en temps de paix ; de telle sorte que ceux qui, comme moi, avaient voulu être zouaves pour aller immédiatement au feu, étaient expédiés en Algérie.