Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/112

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entre eux et se mettaient aussi à plaider. Alors leur fabrique ne travaillait pas un mois ou deux, jusqu’à ce qu’ils fussent réconciliés. Cela distrayait les habitants d’Oukléevo, parce que, à propos de leurs disputes, il se faisait beaucoup de cancans et de pourparlers. Aux fêtes, Kostioukov et les Khrymine jeunes organisaient des promenades en voiture. Ils passaient à toutes brides à Oukléevo et écrasaient des veaux. Akssînia, toute froufroutante de jupons empesés, parée à l’excès, se carrait dans la rue auprès de sa boutique. Les Khrymine jeunes l’attrapaient et l’emmenaient comme par force. Tsyboûkine attelait lui aussi pour montrer quelque nouveau cheval et il prenait sa femme avec lui. Le soir, après les promenades en voiture, quand tout le monde était couché, on jouait chez les Khrymine jeunes, sur un bon accordéon, et s’il y avait de la lune, les sons faisaient l’âme inquiète et joyeuse. Oukléevo ne paraissait plus une fosse.


II

Anîssime ne venait à la maison que rarement, pour les grandes fêtes, mais il envoyait souvent, par des gens de chez lui, des présents et des lettres,