Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/118

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qui étaient de la secte des flagellants. Elles vinrent à plusieurs reprises essayer, demeurant chaque fois longtemps à boire du thé. Elles firent à Varvâra une robe cannelle, ornée de dentelles noires et de jais, et à Akssînia une robe vert clair, avec un devant jaune et une traîne. Lorsqu’elles eurent fini, Tsyboûkine ne les paya pas en argent, mais en marchandises de sa boutique. Elles partirent chagrines, tenant sous le bras des paquets de bougie et des boîtes de sardines, dont elles n’avaient que faire. Sorties d’Oukléevo, et arrivées dans les champs, elles s’assirent sur une motte et se mirent à pleurer.

Anîssime revint trois jours avant la noce, tout habillé de neuf. Il avait des caoutchoucs luisants, une cordelière à boules en guise de cravate, et sur les épaules un pardessus jeté sans que les manches fussent passées.

Ayant prié Dieu avec gravité, il salua son père et lui donna en cadeau dix roubles en argent et dix pièces de cinquante kopeks. Il en donna autant à Varvâra, et à Akssînia vingt pièces de vingt-cinq kopeks. La principale merveille de ces cadeaux était que toutes les pièces, comme choisies, étaient neuves et brillaient au soleil. S’efforçant de paraître grave et posé, Anîssime se tendait le visage et gonflait les joues, mais son haleine sentait l’eau-de-vie. Vraisemblablement, à chaque station, il