Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/163

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– Ah ! tu es un vrai Vavîla.

Le vieillard prit un tison et souffla dessus ; il n’y eut d’éclairés que ses yeux et son nez. L’arc retrouvé, il approcha le tison de Lîpa, et jeta un regard sur elle. Ce regard exprimait de la compassion et de la tendresse.

– Tu es mère, lui dit-il ; chaque mère regrette son enfant.

Et il soupira en secouant la tête. Vavîla jeta quelque chose sur le feu et trépigna dessus ; aussitôt tout devint noir. La vision disparut et il n’y eut plus comme auparavant que les champs, et le ciel avec des étoiles. Les oiseaux ramageaient, s’empêchant les uns les autres de dormir ; un râle criait, à l’endroit même, semblait-il, où il y avait eu le brasier. Mais une minute passa et on vit de nouveau les chariots, le vieillard et le long Vavîla. Les chariots grincèrent, avançant sur la route.

– Vous êtes des saints ? demanda Lîpa au vieillard.

– Non ; nous sommes de Firssânovo.

– Tu m’as regardée tout à l’heure et mon cœur s’est amolli. Le garçon est doux lui aussi. J’ai pensé : ce doit être des saints.

– Tu vas loin ?

– À Oukléevo.

– Monte, nous te mènerons jusqu’à Kouzménnki,