Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/200

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oncle, israélite fanatique, pour m’amender. Mais une nuit je partis pour Chklov. Puis, quand mon oncle m’eut dépisté à Chklov, je partis pour Moguîlov. J’y restai deux jours et, avec un camarade, je partis pour Starodoub.

Mon interlocuteur passa ensuite, dans ses souvenirs, à Gômel, à Kiev, à Biélaia-Tserkov, à Oûmane, à Bâlta, à Bender, et arriva enfin à Odessa.

– À Odessa, je traînai toute une semaine affamé et sans travail, jusqu’à ce que les brocanteurs israélites qui vont par la ville, achetant les vieux habits, m’eussent recueilli. Je savais déjà à ce moment-là lire et écrire. Je savais l’arithmétique jusqu’aux fractions et je voulais entrer à quelque école pour m’instruire davantage. Mais pas le sou ! que faire ? Je parcourus six mois les rues d’Odessa, achetant de vieux habits. Mais comme mes fripons de patrons ne me donnaient pas mes gages, je me fâchai et je partis. J’allai par le bateau à Pérékop.

– Pourquoi ?

– Une idée !… Un Grec m’avait promis de m’y donner une place. Bref, jusqu’à seize ans, je roulai ainsi sans occupation déterminée et sans but jusqu’au jour où je tombai à Poltâva. Là, un étudiant israélite qui apprit que je désirais m’instruire, me donna une lettre pour les étudiants de Khârkhov. Ceux-ci me conseillèrent de me préparer