Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et je lisais déjà à livre ouvert Cornélius Nepos. Pour le grec, j’appris presque toute la grammaire de Cursius… Mais, voyez-vous, ceci et cela,… l’indéterminé de ma situation, le départ des étudiants,… et l’on m’informa encore que ma maman venait d’arriver et me cherchait dans tout Khârkhov !… Alors, je pris mes cliques et mes claques, et je partis. Qu’allais-je devenir ? J’avais entendu dire heureusement que, sur la ligne des Donéts, il y a une école minière. Pourquoi n’y serais-je pas entré ? Vous savez que l’école minière forme des chefs mineurs. C’est un emploi magnifique. Je sais des puits où les chefs mineurs reçoivent 1 500 roubles par an. À merveille. J’y allai…

Alexandre Ivânytch, avec une expression de crainte révérentielle, énuméra deux douzaines de sciences compliquées que l’on enseigne à l’école minière, et me décrivit l’école, la construction des puits, la situation des ouvriers. Ensuite il me raconta une effroyable histoire qui aurait pu paraître inventée, mais à laquelle je dus croire, tant était sincère le ton dont il la racontait, et sincère, sur son visage sémitique, l’expression d’effroi rétrospectif.

– Voici, dit-il, levant les deux sourcils, ce qui m’arriva un jour au moment des travaux pratiques. J’étais dans une des mines de la région du Donéts. Vous savez comment on descend les gens dans les