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MILTON.

homme politique et Mirabeau y inséra son premier livre tiré de Milton. Il y en eut deux éditions. Geoffroy* dit au sujet de cet ouvrage : « Léloquent plaidoyer de Milton eut l’honneur d’ouvrir chez nous les débats qui devaient amener les beaux décrets de l’Assemblée Constituante. Au mois de décembre 1788, lorsque Parlement et Notables essayaient encore une traduction impossible, Mirabeau le traduisit en le résumant et jeta à la Révolution quelques-unes des semences fécondes que contenait la parole du poète. Ainsi, aux deux solennelles époques des deux plus grands États du monde, s’est venu placer le génie de Milton, pour invoquer la Liberté et annoncer aux peuples son heureux et prochain avènement. » Dumont2 nous donne une idée de la méthode du traducteur. « En elTet tout était traduit ou abrégé de Milton : on avait réuni des passages épars et fait un corps de doctrine de tous ces écrits républicains. Je me souviens d’avoir vu Mirabeau occupé de cette traduction avec son ami Servan, qui était sous-gouverneur des pages et ennemi de la Cour, comme toutes les personnes qui appartenaient à Versailles et qui a été depuis ministre de la guerre. » Quand l’édition fut prête. Le Jay, son libraire, vint trouver Mirabeau et lui exprima ses craintes de se voir arrêter avec lui pour crime de haute trahison. II fut décidé qu’on brûlerait tous les exemplaires sauf une douzaine. Ainsi, quoique Milton n’ait pas exercé pendant ces années, une grande influence sur les événements, il a parlé du moins une fois de plus pour les droits de l’humanité.

Comme Dumont le dit, les idées de cette Thcurie de la Hoyaulé sont prises de Milton, mais on remarque toujours que l’esprit en est de Mirabeau. Les arguments sont presque tous pris de la Bible, mais on sent l’esprit d’un

1. Études sur les pamphlets rie Milton, jt. ! H)-07. 2. Souvenirs sur M iraheuu (p. 172), r.iiis, l.s.’.’i.