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LA FRANCE SOCIALISTE

toute victoire remportée dans ces conditions est une victoire bourgeoise.

Mais le développement de l’industrie, non seulement grossit le nombre des prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables : ils acquièrent des forces et acquièrent la conscience de ces forces. Les intérêts, les conditions d’existences des prolétaires s’égalisent de plus en plus, à mesure que la machine efface toute différence dans le travail et réduit presque partout le salaire à un niveau également bas. La croissante concurrence des bourgeois entre eux et les crises commerciales qui en résultent rendent les salaires de plus en plus incertains ; l’incessant perfectionnement des machines rend la position de l’ouvrier de plus en plus précaire ; les collisions individuelles entre l’ouvrier et le bourgeois prennent de plus en plus le caractère de collisions de deux classes. Les ouvriers commencent par se coaliser contre les bourgeois pour le maintien de leurs salaires. Ils forment même des associations permanentes, afin d’être prêts pour des luttes éventuelles. Çà et là, la résistance devient émeute.

Parfois les ouvriers triomphent ; mais leur triomphe est momentané. Le véritable résultat de leurs luttes est moins le succès immédiat, que la solidarité croissante des ouvriers. Cette solidarisation est facilitée par l’accroissement des moyens de communications, qui permettent aux ouvriers de localités différentes d’entrer en relations. Il ne reste plus qu’à les unir pour transformer ces luttes, qui revêtent partout le même caractère, en une lutte nationale, en une lutte de classes. Mais toute lutte de classes est une lutte politique. Et l’union que les bourgeois du moyen âge mettaient