Page:Terrail - La France socialiste.djvu/337

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travail, la propriété qui est la garantie de toute liberté, de toute activité de toute indépendance.

Par propriété acquise par le travail, entend-on la propriété du petit bourgeois, du petit paysan, antérieure à la propriété bourgeoise ? Nous n’avons que faire de l’abolir, le progrès de l’industrie l’a déjà abolie, ou est en train de l’abolir.

Ou bien veut-on parler de la propriété privée, de la propriété bourgeoise moderne ?

Mais est-ce que par son travail salarié le prolétaire acquiert de la propriété ? Nullement, il crée le capital, c’est-à-dire la propriété qui exploite le travail salarié, et qui ne peut s’accroître qu’à la condition de créer du nouveau travail salarié, afin de l’exploiter encore. Dans sa forme présente, la propriété se meut entre les deux termes antinomiques : capital et travail salarié. Examinons les deux côtés de cet antagonisme.

Être capitaliste signifie occuper non seulement une position personnelle, mais encore une position sociale dans le système de la production. Le capital est un produit collectif ; il ne peut être mis en mouvement que par les efforts combinés d’une masse d’individus : en dernier lieu, il exige même pour son fonctionnement les efforts combinés de tous les individus de la société.

Le capital n’est donc pas une force personnelle, mais une force sociale.

Dès lors, quand le capital est transformé en propriété commune, appartenant à tous les individus de la société, ce n’est pas une propriété personnelle qui est transformée en propriété sociale ; il n’y a que le caractère social de la propriété qui soit transformé : il perd son caractère de propriété de classe.