Page:Terrail - La France socialiste.djvu/339

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Mais abolissez le trafic, et vous abolissez du même coup le trafic libre. Au reste, toutes les belles phrases sur le libre-échange, de même que toutes les forfanteries libérales de nos bourgeois, n’ont un sens que par opposition au commerce entravé, au bourgeois asservi du moyen âge ; elles n’en ont aucun lorsqu’il s’agit de l’abolition du trafic, de l’abolition des rapports de la production bourgeoise et de la bourgeoisie elle-même.

Vous êtes épouvantés parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais, dans votre société actuelle, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C’est précisément parce qu’elle n’existe pas pour les neuf dixièmes, qu’elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une propriété qui ne peut se constituer sans priver l’immense majorité de la société de toute propriété.

En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. Et, en effet, c’est bien là notre intention.

Du moment que le travail ne peut plus être transformé en capital, en argent, en propriété foncière bref, en pouvoir social capable d’être monopolisé, c’est-à-dire du moment que la propriété individuelle ne peut plus être convertie en propriété bourgeoise, vous vous empressez de déclarer que l’individualité est supprimée.

Vous avouez donc que lorsque vous parlez de l’individu vous n’entendez parler que du bourgeois. Et cet individu-là, il est vrai, nous voulons le supprimer.

Le communisme n’enlève à personne le pouvoir de s’approprier sa part des produits sociaux, il n’ôte que