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ACTE V.


Scène I.

NICOBULE, PHILOXÈNE.
NICOBULE, ne voyant pas Philoxène.

Non, entre tous les sots passés, présens et futurs, il n’y a pas de bête, de niais, de buse, de butor, d’oison, de gobe-mouche, qui m’égale en bêtise, en imbécillité. Moi seul je les surpasse tous ensemble ! Ô ruine ! ô honte ! à mon âge m’être laissé jouer deux fois indignement ! Plus j’y pense, et plus les incartades de mon fils me désolent. On m’a égorgé, on m’a assassiné. Je suis torturé de toutes les manières ; tous les maux, tous les désastres s’unissent pour m’accabler. C’est Chrysale qui m’a jugulé, qui m’a dépouillé misérablement. Le traître ! sa malice a profité de ma bêtise pour me rafler mon or à plaisir. Le militaire m’a raconté toute l’affaire en détail. Celle qu’on faisait passer pour sa femme n’est qu’une courtisane ; il l’avait engagée pour cette année, et l’or que j’ai promis comme un sot est celui qu’elle devait lui rembourser. C’est là le plus sensible, c’est là le plus amer ; qu’on m’ait berné à mon âge ! Par Pollux ! être ainsi joué, avec ces cheveux blancs et avec cette barbe au menton ! Comme ils m’ont soufflé mon or ! Ô rage ! ô désespoir ! que mon fripon d’esclave ait osé me traiter de la sorte ! J’aurais perdu le double de toute autre manière, que j’en serais moins affligé, et que le tort me serait plus léger.