Page:Thackeray - La Foire aux Vanites 2.djvu/169

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quante livres et ayant quatre pieds de taille, hauteur qu’il ne doit jamais dépasser. Il est perché sur un grand cheval de chasse auquel on peut compter les côtes et qui est couvert d’une selle énorme. C’est l’animal favori de sir Huddlestone-Fuddlestone. D’autres chevaux montés par de jeunes grooms arrivent dans toutes les directions et précédent leurs maîtres, qui ne tarderont pas à les rejoindre.

Tom Moody s’avance jusqu’à la porte du château ; là il est reçu par le sommelier, qui lui offre un coup, ce qu’il refuse. Puis, toujours à la tête de sa meute, il va se placer dans un coin réservé de la pelouse, où ses chiens se roulent sur l’herbe, jouent entre eux et se montrent les dents, ce qui pourrait dégénérer en des luttes sanglantes, s’ils n’étaient réprimés par la voix de Tom, dont les paroles sont soutenues par l’argument irrésistible du fouet.

Les chevaux arrivent toujours portant sur leur dos de petits garçons de la taille de Jack ; ils ne tardent pas à être suivis des jeunes seigneurs du voisinage, crottés jusqu’aux genoux et montés sur des rosses efflanquées.

Ils entrent dans le château pour boire une goutte d’eau-de-vie et présenter aux dames leurs hommages. Ceux qui sont d’une humeur moins chevaleresque, ou qui ont plus l’usage des parties de chasse, se débarrassent de leurs bottes crottées, enfourchent leurs chevaux et se réchauffent le sang par un galop préparatoire sur la pelouse. Puis ensuite ils se rassemblent autour de la meute et causent avec Tom Moody des événements de la dernière partie, des mérites de Briffaut et de Tartaro, de la position des fourrés et de la rareté des renards.

Bientôt apparaît sir Huddlestone, monté sur un fringant coursier ; il se dirige vers le château, où il entre pour présenter ses civilités aux dames ; puis comme il est très-ménager de ses paroles, il s’occupe aussitôt des dispositions à prendre pour la chasse. On amène les chiens devant le château ; le petit Rawdon descend pour les voir de plus près. Les caresses qu’ils lui font lui causent un certain effroi, il a peine à se défendre contre leurs coups de queue, et manque à chaque instant d’être renversé au milieu de leurs luttes que Tom Moody a toutes les peines du monde à réprimer du geste et de la voix.

Enfin, sir Huddlestone, avec toute la lourdeur dont il est capable, a enfourché son coursier favori.