Page:Thackeray - La Foire aux vanites 1.djvu/247

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déjà aussi bien mariée que si tous les bans avaient été publiés dans les églises de Londres. Et quelle meilleure réponse à faire à toutes ces attaques d’Osborne contre vous, que de montrer son fils entrant dans votre famille et épousant votre fille ? »

Un éclair de satisfaction parut briller sur le front du vieux Sedley à cette dernière remarque, mais il n’en continuait pas moins à déclarer que jamais on n’aurait son consentement pour le mariage d’Amélia et de George.

« Eh bien ! on s’en passera, » dit Dobbin en souriant.

Et il raconta à M. Sedley, comme il l’avait fait un peu auparavant à sa femme, l’histoire de l’enlèvement de Rebecca par le capitaine Crawley. Le vieillard s’en amusa beaucoup.

« Vous êtes de terribles gaillards, vous autres capitaines, » dit-il en ramassant ses papiers.

Sa figure prenait presque en même temps une expression souriante, à la grande surprise du garçon, qui n’avait jamais rien vu de semblable sur les traits de Sedley depuis que l’infortuné fréquentait ce maussade café.

L’idée de jouer un pareil tour à son ennemi, à ce Richard d’Osborne, avait un vif attrait pour le vieillard. Ils se quittèrent, Dobbin et lui, les meilleurs amis du monde.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Mes sœurs prétendent qu’elle a des diamants gros comme des œufs de pigeon, disait George en riant ; cela doit bien faire avec sa tournure ! Avec ces brillants à son cou, elle doit ressembler tout à fait à une illumination publique. Ses cheveux noirs sont aussi laineux que ceux de Sambo. Elle mettrait presque un anneau à son nez pour le jour de la présentation à la cour. Avec un panache de plumes sur le chignon, elle aura tout à fait l’air de la belle sauvage. »

C’est ainsi que George plaisantait, en tête-à-tête avec Amélia, de l’extérieur d’une jeune demoiselle dont son père et ses sœurs venaient de faire la connaissance, et qui était, à Russell-Square, l’objet des hommages de toute la famille. La rumeur publique lui attribuait je ne sais combien de plantations aux Indes-Occidentales, beaucoup d’argent placé sur les fonds publics et une grosse part dans les actions de la Compagnie des Indes. Elle a une maison dans le Surrey et une autre à Portland-Place. Le Morning-Post avait retenti de formules admira-