Page:Thackeray - Le Livre des snobs.djvu/136

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boucher une bouteille, et en même temps le major Ponto parut sur le seuil de la porte, en cravate blanche bien empesée, et en habit noir qui montrait la corde.

« Mon ami, lui dit mistress Ponto, nous causions de votre cousin, ce pauvre lord Rubadub. C’est une mort qui a fait prendre le deuil aux premières familles de l’Angleterre. Lady Rubadub occupe toujours son hôtel de Hiller-Street, n’est-ce pas ? »

C’était la première nouvelle que j’en avais ; mais, à toute aventure : « Je crois bien que oui, » lui répondis-je.

En même temps mes yeux étant tombés, par hasard, sur la table du salon, y rencontrèrent le fatal, l’odieux, le ridicule, l’absurde, le détestable Dictionnaire de la pairie, ouvert tout juste à l’article Snobbington et couvert d’annotations à cet endroit.

« Le dîner est servi, » nous dit Stripes en ouvrant la porte, et j’offris le bras à mistress Ponto.



CHAPITRE XXV.

Vue prise sur les Snobs des champs.


Mon intention n’est pas de soumettre ici aux rigueurs de la critique le dîner devant lequel je me trouvai assis. La table d’acajou me parut irréprochable ; mais je dois le déclarer, je préfère, autant que possible, le xérès au marsala, et c’était ce dernier vin dont j’avais entendu déboucher une bouteille quelques minutes avant le dîner. En outre, celui-ci n’était pas précisément d’une qualité supérieure, bien que mistress Ponto n’eût pas l’air de s’en douter, car pendant tout le repas elle ne cessa de l’appeler un nectar ambroisien ; elle eut toutefois la précaution de n’en boire qu’un demi-verre, laissant au major et à son hôte le soin d’absorber le reste.