d’une manière si large, que Löwe haussa ses prétentions, et eut l’audace de demander le double de ce qui avait été convenu.
« Là-dessus, le chevalier perdit toute patience, tomba sur ce misérable et voulait le tuer, quand l’opportun valet entra précipitamment et lui sauva la vie. Il avait entendu toute la dispute, et le juif, terrifié, courut se réfugier dans ses bras. Magny, qui était vif et colère, mais non féroce, ordonna au domestique d’emmener ce coquin, et n’y pensa plus.
« Peut-être n’était-il pas fâché d’être débarrassé de lui, et d’avoir en sa possession une forte somme d’argent, quatre mille ducats, avec lesquels il pourrait tenter encore la fortune, comme vous savez qu’il fit à votre table le soir.
« — Votre Seigneurie était de moitié, madame, dis-je ; et vous savez que mes gains ne m’enrichissaient guère.
« — Le valet conduisit l’Israélite tremblant hors du palais, et il ne l’eut pas plutôt vu installé chez un de ses confrères, où il avait coutume de descendre, qu’il s’en alla au ministère de la police, et raconta à Son Excellence jusqu’au dernier mot de la conversation qui avait eu lieu entre le juif et son maître.
« Geldern exprima la plus grande satisfaction de la prudence et de la fidélité de son espion. Il lui donna une bourse de vingt ducats, et promit de pourvoir largement à ses besoins, comme il arrive aux grands de faire de ces sortes de promesses ; mais vous, monsieur de Balibari, vous savez combien ils les tiennent rarement. « Maintenant, dit M. de Geldern, allez et faites-moi savoir quand l’Israélite se propose de s’en retourner chez lui, ou s’il se repent et compte accepter l’argent. »
« L’homme alla faire cette commission. Sur ces entrefaites, pour plus de sûreté, Geldern arrangea une partie de jeu chez moi, vous invitant à y tenir votre banque, comme vous vous rappelez, et, en même temps, trouvant moyen de faire savoir à Maxime de Magny qu’il y avait pharaon chez Mme de Liliengarten. C’était cet attrait auquel le pauvre garçon ne résistait pas. »
Je me souvenais de tout ceci, et je continuai d’écouter, stupéfait des machinations de l’infernal ministre de la police.
« L’espion fit son message et revint dire qu’il avait pris des informations auprès des domestiques de la maison où logeait le banquier de Heidelberg, et que l’intention de ce dernier était de quitter W… dans l’après-midi. Il voyageait seul, sur un vieux cheval, très-humblement accoutré, à la manière de ses coreligionnaires.