Page:Tharaud - Dingley.djvu/212

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à onze heures un quart, et parvenue dès la première heure au War-Office, toute la matinée la dépêche avait circulé chez le Roi et les ministres. Un jour de semaine, elle eût été connue aussitôt du public, mais c’était un dimanche, dimanche anglais, dimanche d’été, les bureaux fermés, les agences closes, Londres désert. L’événement attendu depuis des mois n’éclatait qu’à cette heure tardive, au moment où dans les églises on célébrait le second service, et où les omnibus et les trains commençaient de ramener à la ville sa population dispersée.

En quelques minutes, la Cité se mit à bruire d’une prodigieuse vie, qui devait révéler au monde que, de toutes les foules humaines, dans le triomphe, l’anglo-saxonne s’emporte avec le plus de fureur. L’étonnante nouvelle courait déjà dans la ville comme un vin trop chargé d’alcool. Une foule, surgie on ne sait d’où, roulait à travers les rues, où la victoire déchaînée semblait retenir le jour. Le « God save the Queen », le « Rule Britannia » se perdaient dans le