Page:Tharaud - Dingley.djvu/96

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sur une voiture de munitions, cheval éventré par la mitraille. Grâce à lui, le dernier boutiquier de Londres, de Paris ou de New-York aura une juste idée d’un carnage. Jamais encore on n’a vu représentés d’une manière aussi saisissante des êtres humains et des bêtes immobilisés par l’effroi ou éparpillés aux quatre vents du ciel. Il était désolé, le pauvre garçon, de ne photographier que des Blue-Jackets — l’ennemi ne se laissant guère approcher — et il ne pouvait se consoler de n’avoir pas encore assisté à une de ces déroutes si riches pour les amateurs de ces mouvements tragiques, imprévus, inimaginables, auxquels se livre une humanité affolée. Cette fois, il a été bien servi, et raisonnablement il pouvait se vanter, l’autre jour, quand il envoyait ses clichés aux journaux, d’expédier la guerre à domicile.

« Infortunés littérateurs ! Les photographes leur font une concurrence redoutable. La phrase la plus pittoresque a moins de force expressive qu’une image d’un penny. En serons-nous donc bientôt réduits à écrire