Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/353

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empereur en jouant du sabre… Téou-Wou, se voyant presque abandonné des siens, se donna lui-même la mort pour ne pas tomber entre les mains de ses ennemis.

L’eunuque Tsao-Tsié et Tchao-Yao, nourrice de l’empereur, firent entendre à ce prince que Tchin-Fan et Téou-Wou, Téou-Yu et Fong-Sou (qu’on venait d’immoler avec toute leur famille) avaient comploté avec l’impératrice de le détrôner, et que, si on n’y eût apporté la plus grande diligence, il était à craindre qu’ils n’eussent réussi. L’empereur, encore trop jeune pour avoir de l’expérience, ajouta foi à ce récit : il fut si irrité, qu’il donna les ordres les plus rigoureux contre les auteurs de cette prétendue conspiration et contre leurs complices. Une infinité de gens vertueux et irréprochables furent enveloppés dans cette proscription. — Histoire générale de la Chine, tome III, pages 483 et suiv.

Tel est, en abrégé, le drame sanglant auquel les premières phrases du San-Koué-Tchy font allusion.


Il faudrait traduire plus littéralement : « Ils périrent sous les coups des deux eunuques Tsao-Tsié et Wang-Fou. » La lutte n’existait cette fois qu’entre les trois ministres et les deux principaux officiers du palais.


L’Histoire générale de la Chine mentionne aussi ces présages surnaturels qui ne sont point une fiction du romancier. De plus, elle parle d’une éclipse de soleil qui eut lieu le trentième jour de la dixième lune de l’an 168. À la douzième lune de cette même année, les historiens placent une invasion des Sien-Pi (peuple de la famille coréenne, d’après Klaproth : Tableau ethnographique de l’Asie intérieure et moyenne). Ils ravagèrent les départements de Yeou-Tchéou et de Ping-Tchéou et se retirèrent chargés de butin ; tant que dura l’anarchie, ils continuèrent leurs brigandages. Deux autres éclipses de soleil eurent lieu vers ce même temps ; l’une l’an 171, l’autre 178 de notre ère.

Ces pronostics étranges, placés au commencement du San-Koué-Tchy, peuvent déplaire au lecteur et le mal disposer à l’égard d’un livre qui n’est pas une chronique, mais où l’histoire suivie en tous points passe avant les fantaisies du romancier. On nous permettra de rappeler ici que tous les peuples anciens, sans exception, ont cru aux présages. « Quand