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LIVRE SIXIÈME

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CHAPITRE PREMIER.


Exploits et aventures de Yun-Tchang.


I.


[ Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 200 de J.-C. ] Cependant les soldats battus de la division de Yen-Léang ayant rencontré Youen-Chao, lui annoncèrent que leur chef avait été mis à mort et leurs propres lignes rompues par un seul guerrier. « Ce ne peut être que le frère cadet de Hiuen-Té, Yuu-Tchang en personne, » s’écria Tsou-Chéou ; et Youen-Chao, transporté de colère, accusait déjà Hiuen-Té de s’être entendu avec le héros pour conspirer sa perte. Devait-il donc le laisser vivre ?… Et il criait à ses gens de lui faire tomber la tête. Sans changer de visage, Hiuen-Té répondit : « Seigneur, pour un mot que vous venez d’entendre, oublierez-vous les sentiments d’une affection ancienne ? Chassé de Su-Tchéou, j’en suis sorti comme un fugitif, abandonnant ma famille entière ; puis-je savoir où se trouve mon frère adoptif ? Sous le ciel combien de gens se rencontrent qui lui ressemblent de nom et de figure ! Ce guerrier au visage rouge, au long glaive recourbé, faut-il donc absolument que ce soit Yun-Tchang ? De grâce, seigneur, réfléchissez[1]… »

  1. Si Youen-Chao eût en effet mis à mort Hiuen-Té à ce moment-là, dit en note l’édition in-18, Yun-Tchang en apprenant ce meurtre, n’eût pas manqué d’accomplir son serment. Après avoir tué Youen-Chao, il se fût tué lui-même. — Puis à propos du danger que court Hiuen-Té d’être décapité par son hôte, le même texte cite ces deux vers :

     » Hier vous l’avez vu au banquet assis à la place d’honneur ;
    « Le lendemain les circonstancesl’amènent comme un coupable aux pieds des marches ! »