Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/105

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notre demande ! » (Et ils se servaient de ce mot, Votre Majesté, parce que Youen-Chu prenait le titre d’Empereur.)

« Si Tsao ne vous serrait pas d’aussi près avec ses troupes, reprit Youen-Chu, votre maître m’accorderait-il maintenant sa fille ? — Nous répondrons ceci à Votre Majesté : si elle ne porte pas secours à Liu-Pou, celui-ci succombera infailliblement. Or, une fois que la perte de Liu-Pou aura été consommée, Votre Majesté ne pourra compter sur un long avenir ! »

« Je ne me fie point à ses paroles, répliqua Youen-Chu ; qu’il m’envoie d’abord sa fille ; quand j’aurai fondé ma dynastie par le mariage de mon fils aîné, j’irai le secourir. » Les deux émissaires saluèrent et prirent congé. Le général Hou-Mong[1] les escortait avec sa division ; quand ils arrivèrent près du camp de Hiuen-Té, Hu-Tsé dit : « Ne passons pas en jour à travers les assiégeants ; une fois la nuit venue, mon collègue et moi, nous marcherons en avant ; vous, général, tenez-vous en arrière pour arrêter ceux qui nous poursuivront. »

Ils traversèrent donc, à la faveur des ténèbres, le camp de Hiuen-Té ; (le plus redoutable des deux frères d’armes de celui-ci) Tchang-Fey venant leur barrer le chemin, Hou-Mong se hasarda à lutter contre lui ; mais à la première attaque, il fut fait prisonnier. Les deux émissaires, arrivés devant les murs, crièrent de toutes leurs forces : « Les cinq cents hommes sont au pouvoir de l’ennemi ; le général est pris, ouvrez ! » On ouvrit une porte et ils entrèrent.

Tchang-Fey avait amené son prisonnier à Hiuen-Té, qui, après l'avoir interrogé, le fit conduire sous bonne escorte dans le camp principal, près de Tsao-Tsao. Celui-ci, aussi alarmé qu’irrité par les révélations qu’il obtint du captif, le fit décapiter a l’entrée des retranchements ; puis il ordonna à son premier secrétaire de répandre, dans toutes les divisions de l’armée, une proclamation ainsi conçue :

  1. L’édition in-18 nous apprend (ce que notre texte n’a pas dit) que Hou-Mong, avec ses cinq cents hommes, avait escorté les émissaires jusqu’au terme de leur voyage, tandis que Tchang-Liéao était rentré dans la ville avec son détachement.