Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/11

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cherche dans ce personnage extraordinaire le type du héros d’après les traditions du Céleste-Empire : Yun-Tchang cesse de ressembler à un caballero andante des romans de chevalerie les plus oubliés ; il se transforme et revêt quelques-uns des traits que l’histoire prête à Roland.

La même observation s’applique au récit de la mort de Sun-Tsé, récit qui, sous une forme dramatique, contient un exposé des croyances populaires de la Chine. De tout temps les sorciers ont eu le privilège d’exciter la curiosité et leur histoire se fait toujours lire. Le chapitre où l’auteur chinois nous montre Sun-Tsé luttant jusqu’à la mort contre l’influence supérieure d’un esprit, sera donc un de ceux que le lecteur accueillera le plus volontiers : nous n’avons pas besoin de le lui recommander ; seulement nous lui rappellerons qu’il sert en outre à lier les événements, à ramener dans le courant de l’histoire cette famille déjà puissante, qui doit, dans la personne de Sun-Kuen, fonder d’une façon définitive l’état indépendant de Ou. Youen-Chao à qui son jeune frère (Youen-Chu mort quelques mois auparavant) a donné l’exemple, se décide enfin à se déclarer Empereur. Dès qu’il veut attaquer Sun-Kuen, devenu roi de Ou, Tsao-Tsao accorde à celui-ci des titres et des grades pour l’amener à rester neutre, et va en personne attaquer son rival. Affaibli par l’âge, incapable d’écouter un bon conseil, toujours prêt à punir ses plus fidèles conseillers, à châtier les hommes sages et prudents dont il devrait au contraire récompenser les mérites, Youen-Chao