Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/114

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que la vieille mère, la femme et les enfants de Kong-Tay soient Conduits à la capitale ; je les garderai dans mon palais et j’aurai soin d’eux. Sous peine de mort, je défends qu’il soit fait aucun mal à cette famille. »

Kong avait entendu ces paroles ; il dédaigna de répondre, allongea la tête et reçut le coup fatal. Tous les assistants versaient des larmes ; Tsao fit mettre le corps dans un cercueil, afin de l’ensevelir dans la capitale.

A peine Tsao avait-il accompagné le cadavre au bas du pavillon, par respect, que Liu-Pou se mit à adresser des supplications à Hiuen-Té : « Seigneur, je suis captif et à genoux devant vous. Du haut de cette place élevée, ne laisserez-vous pas tomber une parole de clémence ? » — Hiuen-Té secoua la tête, et Tsao-Tsao comprenant sa pensée, ordonna aux gardes d’emmener le prisonnier.

« Seigneur, reprit Liu-Pou en s’adressant à ce dernier, ce qui vous cause des inquiétudes, c’est moi et personne autre. Si je me soumets aux lois de l’Empire, vous n’avez plus rien à craindre ! Vous, seigneur, à la tête de l’infanterie et moi à la tête de la cavalerie ; voilà la Chine pacifiée, à l’abri de toute révolte ! »

« Que pensez-vous de cette idée, demanda Tsao à Hiuen-Té en se tournant vers lui.— Seigneur, répondit Hiuen-Té, oubliez-vous que cet homme a servi et trahi deux maîtres[1] ? » Tsao secoua la tête, et Liu-Pou fixant ses regards sur Hiuen-Té : « Tu n’es qu’un enfant, lui cria-t-il, un enfant à qui l'on ne peut se fier ! »

Tsao avant fait signe aux gardes de l’emmener et de lui trancher la tête, il se tourna de nouveau vers Hiuen-Té pour lui dire : « Niais aux grandes oreilles ! tu ne te souviens pas du service que je t’ai rendu en perçant d’une flèche la tige de ma lance ! » A ces mots, Tsao-Tsao éclata de rire, et une voix se fit entendre qui criait : « Liu-Pou, vile créature, as-tu donc si grand’peur d

  1. Le premier c’est Ting-Youen, le second Tong-Tcho ; voir vol. Ier, pages 58 et 156. — On se rappelle aussi que Liu-Pou avait échangé avec Hiuen-Té le nom de frère ; c’est ce qui explique la phrase suivante. Il fait ensuite allusion à l’épisode raconte au premier chapitre de ce second volume.