Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/126

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« D’où venait-il ; comment a-t-il établi notre l’a mille sur le trône ? — Sire, répondit Tong-Tching tristement surpris ; vous ne faites pas ces questions sérieusement ? Se peut-il que vous ne connaissiez pas les actions de votre aïeul ? »

« Faites-moi les connaître, » répondit l’Empereur.

Tong-Tching reprit : « Le grand Kao-Tsou vint d’un petit village du Ssé-Tchang, dont il était chef. Avec son glaive long de trois pieds, il abattit la tête d’un serpent blanc dans les monts Mang-Sang[1], assembla des soldats fidèles, et bientôt fut seul maître dans tout l’Empire. En trois ans, il eut détruit les Tsin ; en cinq ans, il eut anéanti le nouveau royaume de Tsou. Ainsi il a fondé cette dynastie impérissable, qui compte quatre siècles de durée. »

« Notre aïeul était un si grand héros, et ses descendants sont tombés si bas ! dit l’Empereur en soupirant ; comment la dynastie a-t-elle pu dépérir à ce point ! — L’illustre Kao-Tsou, sire, était un homme d’un esprit et d’une vertu supérieurs, que personne de nos jours ne peut égaler ! »

Le jeune Empereur demanda l’histoire de deux personnages, dont il montrait les portraits à côtés de celui de Kao-Tsou ; Tong-Tching lui répondit : « A la gauche du grand monarque vous voyez Tchang-Léang, à sa droite Siao-Ho. »

« Quels éclatants services ont-ils donc rendus, pour figurer ici à côté de mon aïeul ? »

« C’est que si votre ancêtre a établi sa dynastie sur le trône, sire, il l'a dû en partie au secours que lui ont prêté ces deux personnages. L’un, assis dans sa cabane[2], formait les plans au moyen desquels Kao-Tsou étendit sa puissance par toute la Chine ;

  1. Voir sa biographie et celle de Tchang-Léang, dans le vol. III des Mémoires sur les Chinois, et l’ensemble des événements auxquels il est fait allusion, dans l’Histoire générale de la Chine, vol. II, page 443 et suivantes. — Dan s cette scène, qui ne manque pas de grandeur, pourquoi se trouve-t-il de ces traditions bizarres qui en gâtent l’effet ! Ce serpent blanc fabuleux peut être quelque chose comme la tarasque.
  2. Le texte tartare dit : tatan tobo te tahe, était assis dans la cabane, dans la chaumière. On peut voir dans cette phrase une allusion à la retraite de Tchang-Léang à Hia-Py.