Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Si telles sont vos intentions véritables, quel bonheur pour la dynastie ! — Entrons dans un appartement plus secret, reprit Wang-Tsé-Fou, et dressons ensemble une liste des hommes dévoués qui peuvent être associés au complot ; sacrifions-nous, nous et nos parents jusqu’au troisième degré, pour reconnaître les bienfaits que nous avons reçus des Han ! »

Au comble de la joie, Tong-Tching prenant une pièce de satin blanc, y écrivit d’abord ses propres noms, puis la passa a son ami qui y traça les siens et dit : « Je propose le général Ou-Tsé-Lan, avec lequel je suis intimement lié ; si nous l’appelons, je suis certain qu’il nous prêtera son appui contre les rebelles ! »

« Et moi, ajouta Tong-Tching, je propose parmi les grands de l'Empire, un gouverneur de province, Tchong-Tsy ; comme celui que vous venez de nommer, il est mon ami et n’hésitera pas à se joindre à nous. »

Ainsi ils tenaient conseil, quand des serviteurs annoncèrent l’arrivée de Tchong-Tsy et de Ou-Tchu. « C’est le ciel qui les envoie ! » s’écria Tong-Tching ; faisant signe à Wang-Tsé-Fou de se cacher derrière un paravent, il alla lui-même au-devant de ses hôtes et les introduisit dans la bibliothèque. Lorsqu’ils eurent bu le thé, l’un des nouveaux venus, Tchong-Tsy, se mit à dire : « En rentrant de cette partie de chasse d’hier, seigneur, ne vous sentiez-vous pas triste et agité ? »

« Hélas ! reprit Tong-Tching, ces sentiments de douleur et de mécontentement ne peuvent rien produire ! »

« Si je trouvais des hommes de cœur pour me seconder, je m’engagerais par serment à tuer ce brigand de Tsao, dit l’autre mandarin. — Quand il s’agit de délivrer l’Empereur des tyrans qui l’oppriment, ajouta Tchong-Tsy, on meurt sans regret ! »

Tout à coup Wang-Tsé-Fou sortant de derrière le paravent, s’écria : « Vous formez un complot contre le premier ministre, et bien, celui qui vous reçoit vous dénoncera ! — Le mandarin fidèle ne craint pas la mort ; celui qui craint la mort n’est pas fidèle à son prince, répondit Tchong-Tsy ; si nous perdons la vie, même après le trépas nous resterons dévoués aux Han, au lieu de nous avilir comme toi au service d’un traître ! »