Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/148

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paix ! »

À côté de lui, ses deux frères d’armes se tenaient debout, le sabre au poing, fixant sur Hu-Tchu des regards menaçants, ce qui décida ce dernier à retourner vers son maître ; il lui répéta même toutes les paroles de Hiuen-Té. Aussitôt appelant ses deux conseillers, Tsao les accabla de reproches, de ce que la cupidité seule leur avait inspiré des paroles de calomnie ; mais frappant la terre de leurs fronts, ils s’écrièrent : « Votre excellence se laisse séduire par les ruses de cet homme ! — J’en avais envoyé un, répliqua Tsao en souriant ; si j’en envoie d’autres à la poursuite de Hiuen-Té, nous deviendrons ennemis irréconciliables. Quant à vous, je vous pardonne, mais cessez de m’inspirer ainsi des soupçons ! » Les deux courtisans se retirèrent ; au fond, Tsao ne savait trop s’il devait ajouter foi à leurs paroles [1].

De son côté, quand il vit Hiuen-Té sorti de la capitale, l’autre conjuré, Ma-Teng, rappelé par des affaires importantes sur les frontières de l’ouest, retourna dans sa province de Sy-Liang.

Hiuen-Té arrivait à Su-Tchéou ; le commandant du lieu, TchéTchéou vint le recevoir avec honneur et le traita solennellement ; les anciens conseillers et mandarins, Sun-Kien, My-Tcho [2] et les autres se portèrent aussi à sa rencontre par respect, puis il alla dans son hôtel revoir sa famille (qu’il y avait laissée).

Cependant, il apprit par ses espions que Youen-Chu s’abandonnait a tous les excès d’un fol orgueil ; les généraux Louy-Pou et Tchin-Lan [3] s’étaient jetés dans les monts Tsong-Chan ; les forces de l’ambitieux partisan diminuaient de telle sorte, qu’il avait écrit à son frère aîné Youen-Chao une lettre ainsi conçue, en lui cédant le titre d’Empereur [4] :

« Il y a longtemps que l’Empire échappe à la dynastie des

  1. Voir plus haut, page 128.
  2. A propos du départ de Hiuen-Té, l’édition in-18 cite les vers suivants :

    « Il disposa hommes et chevaux, puis partit au plus rite,
    » Le cœur rempli des ordres de Sa Majesté qu’il portait dans sa ceinture. ,
    » Brisant par un mouvement brusque la cage de for, ainsi s’enfuient le tigre et le léopard ; ,
    » Ainsi marchent tout I coup le crocodile on le dragon, après avoir rompu leurs chaînes d’acier. »
  3. Voir plus haut, page 34, à la note.
  4. Qu’il avait usurpé lui-même ; voir chapitre III, livre IV.