Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/149

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Han. Le souverain n’est qu’un faible enfant ; le gouvernement est abandonné à la fantaisie des mandarins. Les hommes supérieurs s’attaquent et se partagent les provinces ; ainsi au dé» clin de la dynastie des Tchéou, la Chine se divisait en sept royaumes. À la fin, l’Empire appartiendra au plus puissant. C’est à la famille des Youen que le ciel réserve maintenant la souveraineté ; des signes merveilleux l’ont fait connaître. Aujourd’hui, mon frère aîné règne en maître sur quatre provinces ; il a sous sa dépendance un peuple innombrable ; aucun de ses rivaux ne l’égale en puissance ; aucun d’eux ne peut lui être comparé pour les qualités et la capacité. La politique de Tsao consiste a soutenir un faible prince, à étayer un trône qui chancelle, à faire passer entre les mains des héritiers de la dynastie, le sceptre qu’ils tiennent de leurs pères ; pourra-t-il sauver ce qui a déjà péri ! Voila que vous avez le titre d’Empereur ; montez vite sur le trône, fondez une dynastie impérissable ! L’occasion est bonne, profitez-en ; le sceau de jade, le sceau héréditaire des Empereurs, je vous le cède et vous l’offre ! »

Youen-Chao avait l’ardent désir d’usurper le titre de souverain ; aussi envoya-t-il prier son jeune frère de venir. Celui-ci se mit en chemin avec ses troupes (son ancien cortège d’Empereur), son harem, son char et le reste, en se dirigeant vers Su-Tchéou. Informé de l’approche de cet ennemi, Hiuen-Té marcha à sa rencontre accompagné de ses cinquante mille hommes ; il ne tarda pas à atteindre Ky-Ling, chef de l’avant-garde, que (le fougueux) Tchang-Fey aborda avec de grands cris, et après une lutte assez longue, renversa mort aux pieds de son cheval. Ce premier corps d’armée se dispersa, et Youen-Chu vint en personne présenter la bataille avec sa division. Les troupes de Hiuen-Té étaient séparées en trois corps ; à sa gauche il avait les deux généraux Tchu-Ling et Lou-Tchao [1], à sa droite ses deux frères d’armes. Lui-même il prit les devants à la tête du principal corps d’armée, et apostropha le chef ennemi : « Rebelle qui tournes le dos a la justice, un ordre de l’Empereur m’enjoint de te châtier ;

  1. Les deux généraux que Tsao lui avait prêtés.