CHAPITRE II.
I.
[Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 199 de J.-C] Hiuen-Té l’ayant prié d’exposer son plan, Tchin-Teng répondit : « Ce qui fait peur au premier ministre, c’est Youen-Chao ; pareil à un tigre en son repaire, celui-ci tient sous sa patte quatre provinces[1] ; il a une armée formidable ; un très grand nombre de mandarins civils et de généraux l’entourent. Écrivez-lui pour rengagera vous secourir, et avec son aide vous triompherez de Tsao ! — J’ai eu des rapports avec lui, répondit Hiuen-Té, mais je ne suis pas en avance de bienfaits ; n’ai-je pas dernièrement causé la perte de son jeune frère ? Quelle apparence y a-t-il qu’il consente à me secourir ? »
Tchin-Teng parla d’un vieillard, nommé Tching-Hiuen (ancien président des six bureaux sous le défunt Empereur Hiouan-Ty), et dont la famille, depuis trois siècles, avait été fort liée avec celle de Youen-Chao ; si ce vieux mandarin (retiré dans la ville même de Su-Tchéou) écrivait quelques lignes à Youen-Chao, celui-ci n’hésiterait pas à prêter son appui. À l’instant même Hiuen-Té alla, en compagnie de son conseiller, faire visite au vieillard qui voulut bien écrire la lettre demandée ; Sun-Kien[2] fut chargé de l’aller remettre à Youen-Cliao. Comme ce puissant seigneur l’interrogeait sur l’état des affaires dans le Su-Tchéou,