Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que je vais déclarer la vérité ! — S’il en est ainsi, dit Tsao, je te laisse ce corps mutilé. — Déliez-moi donc, ajouta le patient ; je vous ferai connaître celui qui a ourdi cette conspiration, pour que vous l’arrêtiez ! »

« Que risque-t-on à lui ôter ses fers ! » dit Tsao ; et il le fit délier. Aussitôt Ky-Ping s’agenouillant dans la direction du palais impérial, s’écria : « Moi, votre sujet, ô prince, si je n’ai pu détruire ce rebelle qui vous opprime, c’est au Ciel qu’il faut s’en prendre ! » Puis il se fendit la tête sur le parquet et expira. Tsao fit suspendre à une potence son corps coupé en quartiers. Ceci se passa le premier mois de la cinquième année Kien-Ngan (200 de J.-C. [1])

L’esclave fugitif ayant été introduit, Tsao demanda à Tong-Tching s’il le reconnaissait ? Celui-ci, transporté de colère, voulait tuer le délateur ; Tsao l’arrêta : « Ne le frappez-pas ! Cet homme a dévoilé vos projets ; je l’amène ici pour être confronté avec vous, et vous oseriez porter la main sur lui ! — Seigneur, dit Tong-Tching, pourquoi ajoutez-vous foi aux dénonciations d’un esclave qui me calomnie, moi, oncle de l’Empereur ? — Wang-Tsé et les autres ont tout avoué, répliqua Tsao (qui mentait), pourquoi persistez-vous seul à nier les faits ? — Que votre excellence ne tourmente pas ainsi un innocent, s’écria l’accusé. » Sur un ordre du ministre, vingt bourreaux allèrent faire une perquisition dans la chambre de Tong-Tching. Le morceau de gaze sur lequel avait écrit l’Empereur, la liste des conjurés, tout fut découvert, et Tsao regardant ces pièces de conviction, s’écria avec un sourire : « Toi qui conspirais dans l’ombre, voilà donc jusqu’où tu poussais l’audace ! » Et après avoir confié à ses séides tous les parents de l’accusé, il revint à son hôtel. Quand ses conseillers furent assemblés, il montra l’écrit impérial à Sun-Yo qui lui demanda : « Seigneur, après une pareille découverte, qu’allez-vous faire ? »

  1. L’écrivain chinois a déjà conduit les affaires extérieures jusqu’à l’année suivante ; ici, il est revenu en arrière pour présenter les détails de cette conspiration, dont il est dit quelques mots dans l’Histoire générale de la Chine, vol. IV, page 28.