Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/226

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« Kouan-K’un-Tchang, prince de Chéou-Ting, au service des Han. »

À cette vue, le héros remerciant du fond de son âme le ciel et la terre, se dit à lui-même : « Enfin, mon jeune frère est auprès de Tsao, j’en suis sûr !… » Et il n’eut plus d’autre pensée que de l’aller trouver[1] ; mais les troupes victorieuses du premier ministre l’environnaient déjà en le menaçant ; il lui fallut ramener hors du champ de bataille ses soldats vaincus.

De son côté, Youen-Chao marchant au secours de cette division, venait de camper au passage du fleuve ; là, deux de ses officiers (Kouo-Tou et Chen-Pey) lui apprirent que le général en chef du premier corps avait été tué par Yun-Tchang, et que Hiuen-Té s’était retiré furtivement on ne savait en quel lieu. Dans sa colère, Youen-Chao s’écriait avec menace : « Le monstre, le brigand !… Quelle audace !… » Et Hiuen-Té étant arrivé sur ces entrefaites, il ordonna à ses gardes de le décapiter. « Quel crime ai-je donc commis ? demanda celui-ci. — C’est toi qui as envoyé ce brigand, tout exprès pour me tuer un général de première classe ! — Laissez-moi dire une parole avant de mourir !. Tsao a toujours eu peur de moi, aujourd’hui que je suis hors de sa portée, certainement sa haine me poursuit encore. Sachant que je suis réfugié près de votre seigneurie, il redoute que nous ne l’écrasions par nos efforts réunis ; voilà pourquoi il a chargé Yun-Tchang d’aller mettre à mort les généraux que vous regrettez. Seigneur, si dans un accès de colère vous me faites périr, eh bien, par votre main, ce sera Tsao lui-même qui me frappera. Songez, seigneur, donc, à déjouer les mauvais desseins qu’un ennemi forme contre vous ! »

« J’accepte vos raisons, répliqua Youen-Chao ; vous seriez cause, par votre supplice, que je me ferais la mauvaise réputation d’un homme qui punit de mort les gens de bien ! » Il cria aux gardes de le lâcher, et l’emmena même sous sa tente. Hiuen-Té s’étant

  1. L’édition in-18 dit mieux : Il voulait l’attendre pour l’appeler et le voir. — Puis elle ajoute en note : S’il fût rempli de joie en le sachant dans l’armée de Tsao, c’est qu’il comptait sur lui assez pour comprendre qu’il ne s’était point soumis à ce ministre (mais bien aux Han).