Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/239

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CHAPITRE II.


Yun-Tchang va rejoindre Hiuyen-Té


[ Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 220 de J.-C. ] Dans celui qui parlait ainsi, les assistants reconnurent le général Tsay-Yang, guerrier aux longs bras[1]. Seul parmi les généraux subordonnés au premier ministre, il voyait Yun-Tchang d’un mauvais œil et cherchait toutes les occasions de le décrier ; aussi s’offrit-il pour l’arrêter dans sa fuite. « Il n’a point oublié son ancien maître, dit Tsao-Tsao, et je le tiens pour un sage plein de droiture ! Il est parti, mais au grand jour, ce qui est d’un héros ! Vous tous, imitez sa conduite ! » Et il rejeta brusquement les offres de Tsay-Yang.

« Mais, reprit le conseiller Tching-Yo, cet homme n’a pas pris congé de votre excellence ; il est parti sans y être autorisé par ordre supérieur… — En allant rejoindre son ancien maître, dit Tsao, n’a-t-il pas obéi au premier des devoirs ? — Si votre excellence le laisse s’en aller, elle mécontentera tous les généraux qui sont sous ses ordres. — Et pourquoi ? — Le voici, continua le conseiller ; Yun-Tchang a commis trois grandes fautes qui indisposent contre lui tous les mandarins. Quand il s’est soumis après sa défaite de Hia-Pey, vous l’avez honoré du titre de général[2] ;

  1. Littéralement : aux bras de singe ; expression qui rappelle le mot sanscrit mahabâhou.
  2. Général sans commandement fixe, général adjoint, comme l’indique l’épithète pien, de côté, illégitime, ce qui n’est pas en titre ; en mandchou asha-i.