Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/254

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sur un livre à la lueur d’une lampe. « Ah ! s’écria Hou-Pan frappé d’admiration, c’est en vérité un immortel ! — Qui est-la ? » demanda Yun-Tchang.

« Je suis l’assesseur de Tchang-Ky, répond le jeune officier, je me nomme Hou-Pan. — Alors vous êtes le fils de Hou-Hoa, n’est-ce pas…, de Hou-Hoa qui habite hors des murs de Hu-Tou ? — Cet homme en effet est mon père. » La-dessus le héros appelle les gens de sa suite et se fait apporter la lettre que lui avait remis le vieux campagnard. « Oh ! se dit Hou-Pan en lisant cette lettre, sur de perfides conseils j’allais tuer un homme aussi irréprochable ! » Sans plus tarder il déclare au héros « que le commandant Tchang-Ky nourrit des desseins criminels, qu’il a juré la perte du fugitif, que mille torches vont incendier l’hôtel sur tous les points.A la seconde veille, le feu doit éclater ; je vais ouvrir les portes, fuyez, sortez de l’enceinte des murs. »

Yun-Tchang, hors de lui, fait précipitamment monter les deux dames sur le char ; revêtu de sa cuirasse, tout armé, il saute à cheval et se précipite hors de l’hôtel. Il en voit les abords gardés par des soldats munis de matières inflammables ; d’un élan rapide il arrive aux portes de la ville ; elles étaient fermées. Mais il presse l’ardeur de ses compagnons, et déjà il est hors des murs quand Hou-Pan donne le signal de l’incendie.

À peine Yun-Tchang avait-il fait quelques milles, qu’il se sent poursuivi par le commandant du passage, qui lui crie : « Kouan, ne fuis pas !… » Le héros s’arrête pour l’accabler d’amers reproches : « Quelle vengeance avais-tu à tirer de moi, pour vouloir me faire ainsi périr dans les flammes ! » — Tchang-Ky fouette son coursier, brandit sa pique ; à la lueur de l’incendie, son redoutable adversaire armé du glaive recourbé, ayant esquivé le coup qu’il lui porte, l’étend mort à ses pieds. Tous les soldats se dispersent sans que le vainqueur les poursuive ; il se contente de presser la marche du chariot, et d’exprimer sa gratitude à Hou-Pan, puis se dirige vers la ville de Houa-Tchéou. Le commandant de cette place, Liéou-Yen, vint à sa rencontre avec dix cavaliers.

« Commandant, dit Yun-Tchang en saluant sur son cheval avec courtoisie, vous vous portez bien depuis notre séparation ! —