Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/266

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gnons, si vous refusez de les admettre a votre service, s’en aillent avec mon collègue ; quant à moi, je marche à pied sur vos traces, prêt à vous suivre jusqu’au bout du monde ! »

Cette réponse de Tchéou-Tsang, le héros la fit connaître aux deux dames, et Kan elle-même ayant admis qu’il n’y aurait rien de compromettant à ce qu’un ou deux étrangers se joignissent à l’escorte, il fut convenu que Tchéou-Tsang les suivrait, tandis que Pey-Youen-Chao se retirerait avec le reste de la bande. Ce dernier à son tour témoignait le désir de s’attacher, aussi bien que celui qu’il appelait son frère aîné, à la fortune de Yun-Tchang  : « Si vous nous suivez, lui dit Tchéou-Tsang, tous ces gens se disperseront ; ne vaut-il pas mieux que vous les teniez un peu de temps encore rassemblés sous vos ordres ? Moi, j’accompagnerai le général, mais non sans être convenu avec vous du lieu où nous devons nous réunir un jour. » La-dessus, Pey-Youen se retira assez triste, tandis que Tchéou-Tsang s’en allait avec son nouveau maître.

Après avoir marché plusieurs jours encore dans la direction du Jou-Nan, la petite troupe arrivée sur la frontière de la province, aperçut au milieu des montagnes une ville que les gens du pays déclarèrent se nommer Kou-Tching. « Un mois auparavant, ajoutaient-ils, un général du nom de Tchang-Fey, accompagné d’une dizaine de cavaliers, en avait chassé le gouverneur et s’y était établi. Dans cette place forte, où il rassemblait des hommes et des chevaux, des vivres et des fourrages, quatre à cinq mille soldats s’étaient déjà réunis autour de lui ; personne n’osait l’aborder en ennemi, et il y aurait même imprudence a passer par ce lieu. »

« Ah, s’écria Yun-Tchang avec joie, depuis six mois que nous avons été séparés sous les murs de Su-Tchéou, pouvais-je espérer de rejoindre ici mon jeune frère adoptif ? » Et il chargea Sun-Kien d’aller vers celui-ci, pour l’avertir de se porter au-devant des deux danes. Or, après avoir mené dans les monts Mang-Tang une vie errante, Tchang-Fey cherchait à passer dans les provinces situées au nord du fleuve Jaune ; cette ville de Kou-Tching se