Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/277

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collègue Pey-Youen aux prises avec un général inconnu, qui s’était précipité seul vers lui, au galop. Au premier choc, Pey-Youen tomba percé d’un coup de pique ; sa mort fut suivie de la reddition de tous ses soldats ; le vainqueur s’établit en maître au sein de la montagne. Arrivant à mon tour, j’appelai auprès de moi quelques-uns de mes anciens compagnons ; il y en eut un certain nombre qui me rejoignit, les autres eurent peur et restèrent avec leur nouveau maître. Alors, j’attaquai ce guerrier ; après une lutte prolongée, percé de trois coups de lance, je pris le parti d’aller à la recherche de votre seigneurie ! »

« Donnez-moi le signalement, dites-moi le nom de ce guerrier, » répliqua Hiuen-Té.

« Il a l’aspect martial ; quant à son nom, je l’ignore, » dit Tchéou-Tsang, et ils se dirigèrent vers la montagne, Hiuen-Té restant à la queue et Yun-Tchang marchant à la tête de la petite troupe. Comme ils atteignaient le pied du mont, Tchéou-Tsang poussa un cri ; car l’inconnu, suivi de sa troupe, le casque au front, couvert de sa cuirasse, la pique en main, descendait à cheval des hauteurs voisines. Hiuen-Té fouette son coursier, s’élance en avant..., et s’écrie  : « C’est.... c’est Tsé-Long, j’en suis sûr ! »

Le guerrier a reconnu celui qui prononce son nom ; il se jette à bas de son cheval et se prosterne ; Hiuen-Té et ses compagnons, mettant pied à terre, s’avancent à sa rencontre. C’était bien Tsé-Long[1] : « D’où venez-vous ? lui demanda Hiuen-Té. — Seigneur, répondit-il, voila ce qui m’est arrivé depuis que je vous ai quitté. Mon ancien maître Kong-Sun-Tsan, s’obstinant à ne point écouter des avis salutaires, perdit toute sa puissance, et se brûla lui-même. Youen-Chao m’appela alors sous ses drapeaux ; il me sembla que ce chef incapable ne réussirait jamais à s’élever ; je l’abandonnai donc, et comme je me trouvais dans les provinces du nord, j’appris que vous-même, seigneur, aviez cherché un asile près de Youen-Chao. Mon désir était de vous

  1. Tchao-Yun, surnommé Tsé-Long, de Tchang-Chan dans le Tchin-Ting ; voir vol. I°, page 195, et plus haut, page 126.