Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/278

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y rejoindre, mais je craignais le ressentiment de cet ancien maître. Errant dans l’Empire, sans abri, sans lieu de retraite, j’arrivai ici ; Pey-Youen descendit de la montagne pour m’enlever mon cheval ; je le tuai et je m’établi aussitôt dans ces solitudes. Maintenant, on me dit que Tchang-Fey occupe la ville de Kou-Tching ; j’aurais eu l’intention de l’y rejoindre, si je n’avais douté de la vérité de cette nouvelle. Mais, grâce au ciel, je vous retrouve, seigneur ! Mon rêve de la nuit dernière était un avertissement d’en-haut ! »

Ce fut une grande joie pour Hiuen-Té de revoir Tsé-Long ; après lui avoir aussi raconté toutes ses aventures, il ajouta  : « Maintenant que vous m’êtes rendu, je sens que mon affection pour vous est toujours aussi vive. Pouvions-nous espérer de nous rejoindre ainsi ? — A travers tout l’Empire, répartit le jeune guerrier, j’ai cherché un maître que je pusse servir, et sans le trouver ! Aujourd’hui que je suis avec vous, seigneur, le vœu de toute ma vie est exaucé ; dussé-je périr misérablement dans les plus cruels supplices, je ne me plaindrais pas ! »

Ce même jour, ils mirent le feu à toutes les cabanes répandues dans la montagne, et Hiuen-Té, accompagné de cette petite bande, marcha droit vers la ville de Kou-Tching. Instruits de son approche, Tchang-Fey, My-Tcho et My-Fang se précipitèrent à sa rencontre ; chacun raconta ses aventures ; les deux femmes de Hiuen-Té apprirent à celui-ci tout ce que son jeune frère Yun-Tchang avait fait depuis leur séparation, et il en fut aussi réjoui que touché[1].

Enfin, l’on immola un bœuf et un cheval[2] ; et l’on adressa

  1. Quand Yun-Tchang a retrouvé son frère ainé dans la maison de Kouan-Tching, il s’est contenté de lui prendre la main et de sangloter, sans dire une parole pour expliquer sa conduite ; c’était aux deux femmes à donner pour lui ces détails. (Note de l’édition in-18.)
  2. Comme lors de leur première réunion dans le jardin des Pêchers. A propos de ce banquet, on lit dans l’édition in-18 les vers suivants :

    « Dans ce temps, les frères et les amis étaient tous dispersés,
    » Et ne recevaient les uns des autres ni nouvelles, ni le moindre avis ;
    » Aujourd hui le prince et ses sujets forment une réunion de fidèles,
    » Comme le dragon et les tigres, comme le vent et les nuées. »